lundi 13 août 2007

Harper/Martel : Candide de Voltaire

Plus je lis la section française du site de Martel, plus j'ai l'impression qu'il fait traduire ces messages à Harper par un logiciel comme celui d'AltaVista. Un peu comme les textes de Martineau. Ils sont tellement subtils que l'on peut deviner les mots il a tapé dans google avant de se faire une opinion et s'adonner au name-dropping et aux citations hors contexte. Mais revenons à Voltaire...C'est de sa faute après tout!

Dans Candide on retrouve la fameuse citation "quelques arpents de neige"...Cette phrase a le dos large. On l'associe à Voltaire suggérant au Roi d'abandonner cette colonie outre-mer, la Nouvelle-France. Rappelons que ce roman est empreint d'humour et d'ironie. Voltaire y pèche par licence poétique. Il se permet de faire dire des énormités à ses personnages et parfois il se permet même une intrusion dans le texte. Il y fait valoir ses propres opinions. Soit par la bouche des personnages, soit par la narration à la troisième personne. Mais il faut savoir que ce n’est pas tous les personnages qui témoignent de sa conscience.

J'ai déjà entendu Gilles Proulx traiter Voltaire de démagogue à cause de cette malheureuse phrase supposément responsable de notre destin historique fragile en tant que francophones d'Amérique du Nord. Pas fort de la part d’un prof d’histoire. Mais il prend encore Dollard Des Ormeaux pour un héros…

Dans un autre ordre d'idées, mon point de vue sur Voltaire diffère de celui de Yann Martel. Il affirme sur son site que Voltaire ne reconnaissait pas l'existence de Dieu. Je crois plutôt qu'il la reconnaissait mais ne reconnaissait pas nécessairement sa grandeur. Voltaire restait un déiste, pas un athée à tout prix. Pour lui, le dogme religieux était ridicule, voire dangereux, dans les dérives du fanatisme et du prosélytisme.

En fait, il avait voulu prouver avec Candide que les catastrophes et le mal de vivre commun à toutes les sociétés du monde à travers les âges (encore et toujours l'intemporalité et l'universalité) niaient la présence infiniment bonne et infiniment grande d'une divinité bienfaitrice. Mais pas la présence de Dieu en tant que telle. On peut ne pas être d'accord.

Dans le récit, les péripéties du personnage-titre s'avèrent invraisemblables. Trois continents visités le temps de le dire. Candide ne sait trop quoi penser des envolées verbales de son ami, le philosophe Pangloss. Ce dernier soutient avec tout le sérieux du monde que l'optimisme est le seul salut de l'humanité car Dieu a créé le monde à son image pleine de bonté. Par le ridicule du personnage, Voltaire raille l’argumentation de l’optimisme à tout crin.

Mais les optimistes du 18e siècle annonçaient peut-être les positivistes du siècle suivant. Ces derniers croyaient qu'une fois la science exacte maîtrisé, tout se déroulerait parfaitement et rien n'échapperait au savoir de l’humain. Même si cette perception s'éloignait d'une pensée déiste et remettait en question l'intervention de Dieu dans la création des éléments terrestres, l'idée d'un avenir sans faille, utopique, était là. Parfois en philosophie, comme en politique, les extrêmes se touchent.

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