mardi 4 décembre 2007

Rattrapage Martel/Harper - Mademoiselle Julie

L'œuvre la plus connue du dramaturge suédois Strindberg, Mademoiselle Julie est présentée à la Salle la Balustrade du Monument National par la jeune compagnie théâtrale, Artemage.

Compétitionnant avec le lecteur Harper, je m'attarderai davantage au texte qu'à sa représensation scénique.

Dans l'histoire, la relation entre Jean, serviteur admiratif devant son comte, le père de Julie, et le personnage-titre, symboliserait l'interpénétration des classes qui s'amorçait en cette fin de dix-neuvième siècle. Sans nécessairement parler de l'abolition de la monarchie. Encore moins de l'abolition des classes sociales. Mais ce chamboulement des conventions sociales repousse les limites et questionne le bien-fondé des mœurs religieuses.

Jean s'étant cultivé dans ses nombreux voyages, dans les romans lus et dans les pièces vus, maîtrise l'art de converser. Cela lui permet d'enjôler Julie malgré les soubresauts du comportement de celle-ci.

Le tout vécu en parallèle par Christine, la fiancée de Jean. Elle habite avec lui dans ce pavillon et s'occupe de Mademoiselle Julie. Profondément religieuse, les écarts de conduite de sa maîtresse la gêne. Lorsque son conjoint y prend part au cours de la nuit, elle en est bouleversée.

On sent le préjugé misogyne de l'auteur lorsque le personnage-titre se moque de l'éducation à "la garçonne" qu'elle a reçue. Sa mère n'ayant pas voulu se marier, elle s'était promis de ne pas élever sa fille selon les préceptes habituels de la féminité. En cela, Strindberg était l'opposé d'Ibsen, avec sa Maison de poupée, qui prônait un féminisme audacieux, tant pour l'époque que pour un auteur masculin. D'ailleurs, étrangement, la volonté d'émancipation des femmes au 19e siècle était nommée "masculinisme". Comme quoi cette volonté était de s'approprier les comportements masculins.

Ce qui reste intemporel dans Mademoiselle Julie c'est ce désir de transgresser les limites des comportements. De forcer le regard de l'autre à aller plus loin.

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