mercredi 28 mars 2007

Mettre en pièce

Après 10 représentations de Cuisine et dépendances, je suis à même de faire un retour. Que de plaisir et de découvertes j'ai vécu à appronfondir un texte et un personnage pendant des mois.

Oui, l'expérience d'impro m'a bien servi pour incarner mon rôle. Mais l'approche est tellement différente, ça vaut la peine d'approfondir. En impro, la première proposition doit être la bonne. C'est un moment à saisir. On se pose un peu moins de questions parce qu'on a tout simplement pas le temps.

Au théâtre, on dirait qu'on a trop de temps. On retourne les intonations du personnage dans tous les sens et on n'est jamais satisfait. Et à un moment donné, on sort de la douche, on répète son texte dans sa tête ou on parle au téléphone quand tout à coup...BANG! Voilà. Vous avez trouvé comment donner la réplique. Comment mettre les mots dans la bouche de votre alter ego sur scène.

Et le texte, lui? Il ne faut pas le négliger. C'est bien beau réciter par coeur des bouts de phrases écrites par quelqu'un d'autre, il faut aussi savoir ce que le personnage ressent ; non, seulement dans le moment présent mais dans son vécu. Il faut même savoir où il s'en va quand il sort de scène. Avant les non-dits et le sous-texte, il faut maîtriser le dialogue sur le bout de ses doigts. Ça paraît facile même quand on a presque toujours dit ce qu'on voulait en improvisant sur une scène, c'est pas évident de considérer chaque virgule, points de suspension, elision dans un texte. On ne peut plus se défiler et se mettre en réserve dans le coin de la patinoire. Cette convention au théâtre n'existe pas(peut-être dans une scénographie expérimentale), il faut assumer la parole et les silences qui l'encadrent.

Et la posture. Je trouve ça encore plus difficile que le texte. Les comédiens sont des sportifs. Pas parce qu'ils regardent 110% mais parce qu'ils doivent rester en forme pour poursuivre dans le métier. La posture il faut la conserver dans le jeu non-verbal. On ne doit pas qu'attendre de répondre aux autres quand notre tour arrive. Il faut réagir, parfois sursauter, se morfondre, se réjouir. Tout ça physiquement.

Tout ça m'a fait beaucoup réfléchir lors de la préparation de Cuisine et dépendances. Je me suis rendu compte que les acteurs sont de véritables créateurs à leur manière. Le souffle qu'il donne au personnage leur est propre. Les propositions avancées sont comme des arrangements ajoutés à une progression d'accords. C'Est unique comme expérience. Beaucoup de remise en question sur soi.

Pour la suite je vous mettrai toutes ces belles découvertes et théories en rapport avec les critiques reçues pour la pièce. Certaines s'avèrent pertinentes, d'autres sont le fruit d'une certaine imposture clinquante. À suivre.
Stéphane

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