mardi 11 septembre 2007

Tu veux ma photo banane?

Samedi dernier je suis allé à l'improviste voir l'exposition World Press au Musée Juste pour rire. J'ai toujours été complexé par la photographie. Parce que dès que je prends plaisir à "consommer" un art quelconque, j'ai envie de faire partie de ses créateurs. Mon premier accord de guitare m'a mené à fonder un groupe. Ma première blague m'a mené à fonder une troupe. J'exagère à peine.

C'est pourquoi, pudiquement, je me tenais loin de la photographie. J'appréciais de loin les jolis clichés. J'admirais les belles pochettes de disque, les époustouflantes images des magazines mais je ne me risquais pas à discuter de luminosité, de cadrage. Pour moi d'ailleurs, la photographie servait d'intermédiaire à la musique par exemple. Un peu comme les affiches de films réussis. Elles mettaient en valeur une autre forme d'art. Avec la photographie pour elle-même, en toute humilité, je ne me sentais pas la compétence d'émettre le moindre commentaire.

Je suis tout de même aller voir l'expo World Press car il s'agit de photos en rapport avec l'actualité de la dernière année. Dans ce contexte, je me sens plus à l'aise que si j'étais allé me pavaner dans une galerie artsy fartsy et pérorer sur l'inclinaison du sujet dans l'utilisation négative de l'espace...

Dans cette expo, plusieurs images choquent. Des cadavres d'enfants brûlés, une prostituée de 9 ans, clope au bec, un soldat défiguré. À répétition, il faut se retenir un tantinet pour ne pas que le sujet se banalise par lui-même.

La série d'images qui m'a donc le plus marqué pour ainsi dire c'est celle montrant le culte de la personnalité voué Saparmyrat Nyýazow(ça devait être difficile à scander pour la foule de ses innombrables dévots), ancien dictateur du Turkménistan. Saisissant, toute cette discipline entourant le bonhomme. Et ce sens de l'exactitude. Le mouvement précis de ces chorégraphes dans un stade national. L'artiste captant cette image a bien vu le paradoxe en montrant aussi bien une image plus officielle avec des pancartes le long des routes qu’un simple poster de salle de bain à l'effigie de la star autoproclamée. À le voir ainsi souriant dans toutes ses incarnations, on ne l'imagine pas si autoritaire. Les artistes qui ont façonné son image ont bien fait leur travail. Parmi les excentricités de son règne, il a renommé les mois pour les désigner du nom des membres de sa famille. Son anniversaire commémore maintenant la fête nationale. Et la liste est longue. Moi qui croyais que les fans d'Elvis beurraient épais...

Bref, ces images du World Press mises dans un contexte d'actualité m'ont fait apprécier cet art sans complexe maintenant. Oui, j'ai jeté un coup d'œil sur l'exactitude des plans mais c'est le regard, objectif ou non, du photographe sur son sujet que je tentais de recréer dans ma tête. Quel angle a-t-il choisi? À quelle vitesse doit-il prendre l'image avant de se faire botter le cul par une autorité quelconque? En fait, c'est toute la contextualisation qui m'a permis d'apprécier l'exposition.

Et si je m'achetais un appareil maintenant?

1 commentaire:

Janick Lavoie a dit…

Avec un appareil photo tu pourrais mettre plus de photo de Romane et surtout celle tant attendu avec du spaghetti sur la tête.