mardi 17 juillet 2007

Rattrapage Martel/Harper - Elizabeth Smart

J’ai vu Lexington Avenue se dissoudre dans mes larmes, version française de By Grand Central station I sat down and wept, est une véritable envolée lyrique en prose. D’une certaine manière, c’est aussi un "road book" comme dirait Michel Vézina. La narratrice, maîtresse d’un homme marié toujours en fuite de la réalité, nous convie à un voyage à travers les États-Unis, le Canada. Elle nous transporte aussi dans les méandres de sa propre souffrance.

Un flot continu d’images fortes et des métaphores surprenantes ponctue ce récit autobiographique. Elle l’aime son homme et elle serait prête à tout abandonner pour le suivre. Elle voudrait savourer chaque instant vécu dans les derniers jours comme un moment qui n’a jamais commencé, jamais fini. Constant. « Nous allons prendre le désordre du monde et nous en faire un nid suspendu qui se balancera confortablement comme s’il était aussi lointain, aussi oublié par l’histoire que le droit des Indiens à la liberté. »

Malgré son intensité, on peine à imaginer qu’un tel adultère ait pu alimenter une controverse. Peut-être est-ce dû au fait que c’est rédigé par une femme. Allez lire Montherlant et vous m’en donnerez des nouvelles. La propre mère d’Elizabeth Smart, à l’époque(1945), s’est servie de ses contacts au gouvernement pour empêcher la publication du bouquin.

Il ne faut pas lâcher le roman en pleine lecture. Et pas seulement parce qu’il est adroitement écrit mais surtout parce qu’il se lit comme on a l’impression qu’il a été écrit : d’un seul souffle. Les repères restent foule lorsqu’on reprend la lecture au beau milieu d’un long cri désespéré jusqu’à l’agonie.

Quand les émotions priment, les arguments, la logique, la bonne conscience prennent le bord. Et c’est tant mieux dans ce type d’autofiction, hyper subjectif par définition.

Mais la question demeure semaine après semaine : pourquoi Martel veut faire lire ça à Harper?

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