Création pure

Aussi bien le dire tout de suite, je n'y crois pas. Il n'existe pas de génération spontanée d'idée. La création origine toujours de quelque part. Vous allez me répondre : "C'est pas une trouvaille, ça..." Je veux parler des influences dans le processus de création. Nous ne sommes pas conscients de leur forces subtiles.

Si j'en viens à ça c'est qu'on m'a raconté hier que Renée-Claude Brazeau, auteure de La galère, la série à Radio-Can traitant de l'amitié des femmes passées 30 ans, a déclaré qu'elle s'était interdit de regarder Desesperate housewives et Sex in the city pour ne pas se laisser influencer. Je trouve ça tellement bidon! Tu es simplement dans l'air du temps ma belle. C'est pas parce que toi tu ne regardes pas ces shows américains que personne n'en parle autour et qu'il n'y a pas une idée qui va te rentrer dans la tête. De plus, c'est en ne l'écoutant pas que tu risques le plus de reprendre un gag ou un concept de l'émission. Juste d'avoir eu l'idée d'écrire ça trahit déjà ton influence. Malgré toi.

Comme Stéphane Dompierre qui prétend que son Petit pas pour l'homme n'est pas dans l'air du temps, et que c'est les journalistes qui ont parti ça. C'est faux! Avant toi il y a eu Guillaume Vigneault et ton chum Bourguignon qui racontaient les déboires, les désillusions de la fin vingtaine. Même si tu me disais que tu ne les as pas lus, ces idées-là circulent. Ça ne naît pas spontanément dans ton cerveau.

Dans un registre plus léger, Peter McClown, l'humoriste de droite crétinoïde, déclarait que son style était unique car il n'allait pas voir les autres humoristes....C'est d'ailleurs pourquoi il reproduit un style archi-cliché plein de gags déjà entendus. Si l'envie lui prenait d'aller voir ailleurs, je lui suggère les Zappartistes...

Je pense aussi à tous ces groupes des années 90 ignorant l'influence des Ramones sur leurs chansons. Billy Joe de Green day déclarait même que les jeunes adeptes de leurs musiques n'avaient pas besoin de savoir que les Ramones les avaient influencés...

Une connaissance à moi avait un groupe au secondaire. Lui et ses potes avaient enregistré un démo dans un sous-sol de banlieue sherbrookois. Il leur interdisait d'écouter de la musique pendant qu'ils enregistraient. Sauf des chants grégoriens. Sans niaiser. C'Est encore du chiqué comme disent les Parisiens. Ces gars-là écoutaient de la musique avant et ça s'entendait...Et ce n'est pas un mal en soi.

Tout ça pour dire qu'il ne faut pas renier ces influences. Il faut en être conscient pour mieux s'en détacher. S'en libérer au besoin. Ce n'est pas vrai que c'est parce qu'on n'écoute pas de musique qu'on la va créer LA progression d'accord, LA mélodie authentique...Le BIG BANG musical.

C'est aussi ridicule que la crainte du personnage principal dans le film Sweet and lowdown de Woody Allen: il ne voulait pas enregistrer de disque pour éviter que les autres musiciens ne copient son style...