mercredi 24 janvier 2007

Poètes! Vos papiers!!

C'est fou comme on plonge dans les souvenirs lorsqu'on déménage. Hier soir, je farfouillais parmi la tonne de paperasses qui ornent mon bureau et étrangle quotidiennement et progressivement mon ordi. Sur ces feuilles on trouve de tout : poèmes griffonnés, paroles de chanson, suite d'accords, idées ou flashs stylographiés, à peine déchiffrables par moment. L'inspiration va plus vite que la main. On trouve aussi des notes prises pour un énième projet d'écriture. Parfois je crois que je ne vivrai pas suffisamment longtemps pour mener tout ça à terme. S'il y a une vie après la mort, pourrais-je m'y consacrer à écrire?

La création est un processus lent. Difficile. "L'art est long, le temps est court" proférait Hippocrate. Entre l'ivresse d'une bonne idée venant de nulle part et l'assiduité à remettre notre idée cent fois sur le métier, il y a un monde. D'une petite harmonie ou mélodie, il faut se rendre à la chanson. D'une petite réplique savoureuse, il faut écrire un film au complet. Parfois c'est l'inverse. Nous avons toute la structure dans notre tête. C'est comme si c'était fini. Il ne reste qu'à mettre les mots dans la bouche des personnages ou les rimes dans la chanson. Plus facile à imaginer qu'à faire concrètement. Les idées ne viennent pas toujours devant le clavier. Il m'arrive souvent d'avoir une idée, la meilleure qui soit, quand j'ai les mains pleines de sacs d'épicerie. Et j'arrive chez moi en courant, le téléphone sonne, je laisse les sacs par terre, je n'enlève pas mes bottes...et je perd le fil de mes idées. Vingt, trente minutes plus tard, je suis devant le clavier et je crache tout ce que je peux avoir gardé en tête. Rien ne se perd...mais tout se créé.

Je vois poindre d'ici les résolutions ambitieuses que je m'impose déjà pour le prochain logement: ne pas laisser s'accumuler de la sorte les éclairs de génie sur mon secrétaire. Sans vouloir être pessimiste, j'ai l'impression que je vais mourrir enterré dans une tonne de petits papiers, des carnets remplis de pattes de mouches, des cahiers spirales débordant de prix littéraires jamais attribués...

Les mots de la fin reviennent à Gainsbourg par la voix de Régine :

"Laissez parler
Les p'tits papiers
A l'occasion
Papier chiffon
Puissent-ils un soir
Papier buvard
Vous consoler"

SP

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